Quinze ans. Quinze ans déjà que nous avions quittés Forks et sa verdure. Forks et sa pluie. Forks et mon père. Forks et Jacob. J'eus comme l'impression que mon cœur inanimé se serrait lorsque j'osais penser à ce nom. Ce jour-là, je m'étais enfermé dans la chambre que je partageais avec Edward. Quinze déjà aussi que j'étais officiellement Madame Cullen. Cette fois, à cette pensée, ce fut un bref sourire qui fendit mon visage. J'étais heureuse depuis tellement d'années maintenant que je me sentais honteuse d'avoir pris la décision d'abandonner Jake et de le séparer de Nessie. Je ne savais que trop bien ce que ça pouvait faire d'être séparé de celui ou celle qu'on aime sans pouvoir y remédier. Ma tête rencontra la paume de ma main dans un geste rapide, j'en avais pris l'habitude à présent, je m'étais habitué à ma condition de vampire. J'avais été une femme et une mère accomplie durant toutes ces années, heureuse, je ne demandais rien de plus. Simplement leur présence, à eux, au clan Cullen, à ma famille désormais. Au final, je ne regrettais pas me décision, j'essayais simplement de protéger ma fille, de protéger ceux que j'aimais le plus simplement du monde et avec mes seuls moyens. Ce n'avait pas été contre Jacob, non, il restait mon meilleur ami et ce quoi qu'il arrive. C'était des Volturi dont je me méfiais.

Ce jour-là donc, j'étais dans notre chambre appuyée contre la baie vitrée. Mes yeux se perdait dans la forêt qui se trouvait non loin de la villa que nous habitions. Ça me rappelait souvent la vue qu'on pouvait avoir de celle de Forks. Je soupirai. La maison était calme, Nessie devait être avec Nathaniel et les autres parti chasser ou entrain de vaquer à d'autres occupations. Edward devait être quelque part dans la villa, du moins, je le pensais puisqu'il ne m'avait pas prévenu d'un éventuel départ. Je soupirai, l'air las, je ne savais pas vraiment quoi faire. Les journées étaient bien plus longues que lorsque j'étais humaine. Puisque humaine, je n'avais que peu de temps. Je mourrais un peu plus chaque secondes, de plus, mes journées étaient très mouvementés. Le temps passait vite lorsque j'étais en compagnie de Jake la journée. Parfois, j'aurais préféré oublier tout ça. Oublier tout ce qui avait fait ma vie d'humaine pour ne pas culpabiliser chaque jour un peu plus. Je trainai les pieds jusqu'à la porte de la chambre et avec une grâce qui continuait à me faire sourire, je rejoignis le salon. Dans l'espoir d'y retrouver mon mari, bien entendu. Puisqu'il n'y avait qu'en sa présence que je me sentais apaisé et soignée de mes maux. Je soupirai brièvement, trop vite sans doute pour un humain, devant le salon vide.

Était-il sorti, lui aussi ? Je n'aurais donc pas le droit de regarder son visage parfait ? De passer mes doigts dans ses cheveux et de blottir mon visage contre son torse de pierre auquel j'étais tant attaché ? Pendant toutes ces années, de notre rencontre à ce moment-là, il n'avait cessé de m'aimer. Du moins, rien n'avait changé dans ses habitudes envers moi, parfois même, je me demandais s'il ne me pensait pas encore humaine mais je préférais croire que je ne pouvais rien contre sa nature sur-protecteur, qui de toute façon, me plaisait beaucoup. J'étais donc condamnée à rester seule ? Non, j'étais sûre qu'il était quelque part entrain de faire quelque chose. Je tendis alors l'oreille, peut être était-il entrain de faire courir ses merveilleux doigts couleur neige sur le clavier du piano, d'une telle façon qu'il aurait pu rendre jaloux n'importe quel grand musicien. Je ne pus don empêcher mon esprit de partir dans diverses directions. Forks, Charlie, Renée, Phill, Mike, Angela et surtout Jacob. Ça faisait un moment que nous n'avions pas eu vent de ses tentations. Il était dur de les prédire en même temps puisqu'Alice ne voyait rien le concernant, seulement, Billy était sur le coup. Puisque nous avions un intérêt commun, le bien être de Jake. Pourtant, n'était-il pas égoïste de penser que son bien être se trouvait loin de nous, loin d'elle surtout. Loin de ma petite fille, déjà si grande.

Je pris la direction du canapé, imposant et blanc, qui se mariait à merveille avec le reste de la maison. Les femmes Cullen, enfin surtout Esmé et Alice, avaient un certain bon gout qui leur permettaient de décorer de telle façon qu'on ne pouvait croire cela possible. Je ne me comptais malheureusement pas dedans, trop peu sûr de mes mains pour me lancer dans quelconques activités encore. J'avais en effet encore peur de prendre des choses fragiles entre les mains, alors que je savais que même si je venais à le faire tomber, j'aurais toujours le temps de le rattraper. Ma maladresse d'humaine me manquait souvent puisque cette dernière avait le don d'agacer Edward et son don à toujours vouloir me protéger. Ce n'était pas méchant surtout, au fond, je pense qu'il avait simplement peur pour moi. Je pris donc place sur l'un des coussins du canapé sans pour autant allumé la télé. Ce que Emmett ne savait pas faire, d'ailleurs. Toujours à regarder du foot celui-là. Dans le fond, j'avais tout à fait trouvé ma place dans cette maison, je parle en tant que Vampire bien sûr. Je ne dis pas là qu'au début, les Cullen ne m'acceptaient pas, bien au contraire. C'est simplement que j'avais toujours peur de mettre la famille en danger, de me laisser tenter par le sang humain. À présent, je faisais plus preuve de confiance en moi, ce qui me rassurait.

J'entendis du bruit, ce qui eut pour effet de me sortir de mes rêveries. Je ne pris même pas la peine de tourner la tête, je savais déjà qui ça pouvait être. Mon adorable mari, sans aucun doute. Alice m'avait prévenue qu'elle partait en virée shopping accompagné de Rose et Esmé, alors qu'Emmett et Jasper étaient parti chasser. Et Carlisle travaillait. Tous vaquaient à leur occupation et une fois de plus, je ne pus m'empêcher de penser qu'Edward était bel et bien le centre de mon monde puisque sans lui, je ne savais pas quoi faire. Je tournai tout de même la tête, pour assurer à Edward que je l'avais bien vu. Je lui souris, me levant et partant à sa rencontre.

▬ Je te croyais parti, toi aussi.

Ma voix s'était élevée doucement mais sûrement, sur un ton qui se voulait doux. Comme à chaque fois que je m'adressais à l'homme de ma vie, ça va de soit. Je tendis doucement les bras, agitant les mains, de façon à ce qu'il comprenne que je voulais trouver refuge contre lui. Dans ses bras, incontestablement, mon asile le plus sûr.

CODE BON par Bella'chou